Dicton yiddish
Pour plus d'infos sur le Prix Humour de Résistance:
L'Humour de Résistance:
http://http://lephare1.e-monsite.com/pages/l-humour-de-resistance.html
https://www.fabula.org/actualites/le-genre-humain-n-59-chanter-rire-et-resister-ravensbruck-autour-de-germaine-tillion-et-du_85404.php
http://http://lephare1.e-monsite.com/pages/l-humour-de-resistance.html
Germaine Tillion est entrée au Panthéon le 27 mai 2015. Ce jour-là, le président de la République dit : « À Ravensbrück, cachée dans des caissons en carton, Germaine Tillion écrit une opérette, pour que le rire généreux de ses camarades déportées puisse répondre aux rictus lâches de leurs bourreaux. Oui, une opérette, pour pouvoir défier le mal par le rire. »
Dans sa préface, Esteban Buch écrit qu’« il revenait à une femme, Germaine Tillion, de contribuer au travail de mémoire collectif en faisant entendre aussi la musique du rire, éternellement libre, surgissant du fond sonore des enfers ».
Germaine Tillion et l’Humour de Résistance.
Peut-on rire de tout ? Peut-on se rire de tout ?
Cette question à double facette, plus essentielle et plus fondamentale qu’il n’ y paraît, en particulier ces derniers mois à l’occasion de quelques guillonesques et autres dieudonnesques commentaires à tête fouineuse, a été maintes et maintes fois posée et reposée sans que jamais, ou presque, aucune réponse satisfaisante et complète, ne serait-ce que théorique, ne lui ait été apportée ; même si son auteur le plus connu, Pierre Desproges, en avait partiellement et fort subtilement esquissé un début de réponse avec un brin de pensée, (je ne veux pas évoquer ici la couleur marron de certaines chemises !), et en un clin d’œil… de verre de gris, oserais-je même dire, envers l’homme " du détail " qui n’ a ni regrets ni remords et dont nous rappellerons à son sujet la phrase de ce cher Alexandre Vialatte, : « L’Homme n’est que poussière, c’est dire l’importance du plumeau ! »
A cette fondamentale interrogation, « peut-on rire de tout ? », seule, à ma connaissance, l’héroïque et admirable résistante, au sens le plus total, le plus élevé et le plus pur de ce mot, Germaine Tillion, a pu nous apporter une réponse sans ambigüité ni faille, tant du point de vue de son vécu , sa pratique et son observation ethnologiques que par la force de son caractère et par sa capacité existentielle à la vivre dans sa chair et dans son cœur , en particulier durant toute la période où elle séjourna au camp de Ravensbrück d’octobre 1944 à avril 1945.
Dans la Résistance, Germaine Tillion revendique le droit de
rire : « Nous pensons que la gaieté et l’humour constituent un climat
intellectuel plus tonique que l’emphase larmoyante. Nous avons l’intention de
rire et de plaisanter et nous estimons que nous en avons le droit. L’humour fait partie des valeurs de la
Résistance ».
« J'ai écrit une opérette, une chose comique, parce que je pense que le rire, même dans les situations les plus tragiques, est un élément revivifiant. On peut rire jusqu'à la dernière minute. », écrit-elle.
http://blogs.rue89.nouvelobs.com/droles-de-gammes/2009/04/19/quand-germaine-tillion-ecrivait-une-operette-en-deportation
En octobre 1944, trahie, arrêtée et déportée depuis un an à Ravensbrück pour faits de résistance, Germaine Tillion se lance clandestinement dans l'écriture d'une opérette-revue, Le « Verfügbar* aux enfers », du nom que leur avait donné les SS.
C'est l'un des textes les plus surprenants et certainement le plus drôle parmi tous ceux qui proviennent des camps de la mort nazis : dévoilement des crimes, colère déguisée en rire, coalition de l'amitié, œuvre unique dans l'histoire et le vécu de l'univers concentrationnaire, que Germaine Tillion a écrite et composée cachée des SS dans une caisse en carton.
Le titre résume parfaitement la démarche de l'auteur en soulignant l'enfer des camps nazis tout en faisant un clin d'œil à une opérette d'Offenbach ("Orphée aux enfers").
Humour noir teinté d'autodérision, quand Germaine Tillion évoque par exemple "un camp modèle avec tout confort, eau, gaz, électricité", le chœur répond: « gaz surtout !» ; elle seule pouvait écrire cette phrase à la résonnance tragi-comique portée à son paroxysme, et personne d’autre qu’elle!
Tandis que ses compagnes déchargent les wagons qui arrivent de toute l'Europe, Germaine Tillion leur fait chanter, sur des airs connus de l'époque, de nouveaux textes qu'elles écrivent ensemble, de façon à se moquer d'elles-mêmes et de leurs conditions de (sur)vie ; Cette distanciation de la souffrance par l'humour ayant pour fonction, notamment, de les éclairer sur le système qui les écrase, n’oublions pas qu’elle était ethnologue !, mais aussi de redonner vie à la seule chose qui pouvait leur éviter de sombrer : l'espoir ; ainsi donc, dans un camp où la mort semblait être l'unique issue, elles ont résisté et survécu par le rire, la musique et le verbe ! Elles ont ri de tout, c’est tout ce qui leur restait mais, comme le disait ce grand poète de l’humour, Raymond Devos, « Tout, ce n’est pas rien ! »
Lors de la première représentation du ’’ Vervfügbar aux enfers’’ au Théâtre du Chatelet, en juin 2007 , un an avant la mort de Germaine Tillion, celle-ci expliquait, de son tendre et généreux sourire aux spectateurs présents dans la salle, quelque peu gênés de leurs propres rires que le plus bel hommage qui pouvait lui être rendu était, à leur tour, d’en rire, en des rires fraternels, de compassion et d’amour, de ce rire qui se situe à l’extrême opposé de l’ironie piquante, de la moquerie souvent méchante ou gratuite et de la blague malodorante de celui qui rit, souvent bien platement, aux dépens de l’autre, de son malheur, de sa différence ou de ses travers et qui tente souvent d’entraîner dans des bas-fonds parfois cloaqueux des comparses d’intolérance .
’’ On peut rire de tout’’, assurément, cher Pierre Desproges, ’’ mais pas avec tout le monde’’ en effet; le rire, bien fréquenté, en belle et bonne compagnie nous rapproche alors des dieux, qui peut-être, du moins pour ce qui les concernent, ont eu le tort de nous le laisser et ce pour notre plus grand bien ; nous pouvons alors, en gravissant un échelon atteindre ce niveau supérieur d’humour symbolisé, de manière certes fortuite mais sublime, par la contraction en ce nom des mots HUMain et aMOUR.
http://www.dailymotion.com/video/x8zir0_germine-tillion-et-le-verfugbar-aux_music
«Je twisterai les mots s’il fallait les twister pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez »
Jean Ferrat,
Nuit et brouillard , 1963
Souhaitant apporter notre petite pierre pour contribuer à conserver et perpétuer à tout jamais en nos mémoires et en celles des générations futures cette extraordinaire et exceptionnelle attitude d’« Humour de résistance » unique dans les annales concentrationnaires, et témoigner ainsi de la force de l’humour, La Maison du Rire et de l’Humour de Cluny, décida à l’unanimité de ses membres, avec grande émotion et gravité, de décerner à titre posthume à Germaine Tillion son 3ème ‘’ Prix de l’Humour de Résistance ’’, pour rappeler et prouver, s’il en était besoin, que l’Humour, cette ’’ Politesse du désespoir ’’ (Boris Vian, Chris Maker ?) n’en est pas moins ’’ La seule chose absolue dans un monde comme le notre ’’ comme le disait Albert Einstein et une affaire bien plus sérieuse qu’il n’y paraît : tout comme le prince des humoristes, ce bon vieil Alphonse Allais d’Honfleur, ’’nous ne plaisantons jamais avec l’humour !’’.
« L’humour », a dit l’écrivain Doron Rabinovici, «nous aide à supporter la douleur tout en lassant la douleur continuer à faire son œuvre », telle est la grandiose leçon du ‘’Vervfügbar’’, hautement exprimée par Germaine Tillion, leçon qu’il ne nous faut point et jamais oublier, avec une immense émotion car, qu'adviendra-t-il de la mémoire du génocide quand nos yeux, ou ceux de nos enfants, seront secs ?
Ce prix fut officiellement proclamé et remis en la Maison du Rire et de l'humour, le dimanche 25 avril 2009, journée nationale de souvenir des déportés et du 65ème anniversaire de la libération du camp de Ravensbrück, camp dans lequel le 17 avril cette opérette-revue fut interprétée en sa version de concert.
http://www.dailymotion.com/video/x8ziq1_germine-tillion-et-le-verfugbar-aux_music#rel-page-1
P.S: Je vous propose en lien ci-dessous une vidéo enregistrée sur le site " Quatre vies en résistance" où j'évoque Germaine Tillion et son extraordinaire capacité de résistance par l'humour qui nous fit lui décerner en 2010 la " Prix Humour de Résistance"
http://www.quatreviesenresistance.fr/Explorer/Docu-participatif/39-Allaydach-25-05-2015
* ’’Verfügbar ’’, littéralement ’’disponible‘‘, était le nom donné par les SS à ces femmes qui, refusant de travailler pour eux, étaient dés lors soumises aux corvées les plus basses et brimades les plus féroces.
N.B : "Le Verfügbar aux Enfers", est édité aux Editions de La Martinière et en Collection Points Seuil)
" Où il n’y pas d’humour, il n’y a pas d’humanité,
Où il n’y a pas d’humour, il y a le camp de concentration ! "
Eugène Ionesco
LA RÉSILIENCE DANS LES SITUATIONS EXTRÊMES
PAR
BORIS CYRULNIK
..." Elle transforme l'horreur en humour..."
Boris Cyrulnik
Dès le stade foetal apparaît une mémoire sans souvenirs que précèdent les traces de ce dont nous sommes issus. Ces traces de vie nous submergent ou nous manquent, toujours s'estompent. Différentes formes d'expression, l'art comme le récit, les rappellent à leur façon. Qu'en faisons-nous ? Ancrent-elles nos douleurs ou sont-elles factrices possibles de résilience ?
A l'occasion de l'hommage rendu à Germaine Tillion au Panthéon, Boris Cyrulnik revient sur la vie de la résistante française pour développer la théorie de la résilience dans les situations extrêmes.
Voyez ce lien : http://plus.franceculture.fr/la-resilience-dans-les-situations-extremes-par-boris-cyrulnik
Pour info:
Voyez ce lien:
Voyez ce lien:
Etienne MOULRON
Fondateur de la Maison du Rire et de l’Humour de Cluny.
http://lephare1.e-monsite.com/pages/un-musee-une-maison-de-l-umour-et-des-z-arts-z-umoureux-et-pourquoi-pas-tant-que-l-on-y-est-l-inscrire-au-patrimoine.html